Pas content, le collectif SOS Calix qui refuse le terminal de conteneurs quai de Calix, et il y a de quoi. Le président du Conseil régional et le Directeur de Ports Normands Associés, l’organisme gestionnaire du port, s’expriment en effet dans les medias, mais évitent le débat avec les riverains. Dans un communiqué, le collectif exige à nouveau des réponses et ses questions. Le NPA lui apporte son soutien.
Communiqué de presse du collectif SOS Calix.
Conférence de presse de Laurent Beauvais (président du conseil régional) et Jean-Michel Sevin (président de PNA) : les « explications » par presse interposée ont fait leur temps ! Les riverains veulent des réponses : ils invitent Laurent beauvais et Jean-Michel Sévin à un débat public à Hérouville Saint-Clair.
En réaction aux arguments et aux actions du collectif SOS Calix, Laurent Beauvais, président du conseil régional de Basse-Normandie, à la tête de PNA et Jean-Michel Sévin, directeur général de PNA ont organisé, dans l’urgence, une conférence de presse ce vendredi 13 janvier. Une conférence de presse sensée répondre aux questions des riverains et… les rassurer.
Laurent Beauvais y a prétendu « prendre de la hauteur »… ses déclarations sont pourtant loin d’atteindre des sommets !
Le collectif a pu prendre connaissance des éléments de cette conférence de presse dans l’édition du 14 janvier du journal Ouest-France.
On y lit la confirmation de l’isolement de M. Beauvais, qui en appelle à la solidarité et qui demande aux collectivités de se manifester… dans son sens ! Le collectif SOS Calix voit dans cet isolement la réserve des élus qui, éclairés sur les manquements, les nuisances, la dangerosité du site et les doutes sur la viabilité économique du projet deviennent extrêmement prudents… Il faut dire que côté « électeurs », le projet fait davantage de mécontents que de convaincus ! Et qu’en cette période pré-électorale, il convient d’éviter les positionnements d’appareil trop hâtifs…Comment, en effet, demander à des élus de défendre un projet dans ces conditions ? Comment peut-on leur demander de voter l’attribution de 4 millions d’euros d’argent public avec un vocable aussi peu engageant : « Ce projet peut créer une dynamique… » ou encore « On fait un pari ». Un peu risqué, 4 millions d’euros, pour un « pari », non ?
Mais surtout, on y lit la confirmation de l’immense chaos que représente ce projet :
D’abord : des ambitions nettement revues à la baisse. Il y a quelques semaines, c’était l’euphorie : on essayait de nous vendre un projet majeur qui, à lui seul allait relancer l’économie de la région ! Pas encore implanté, déjà une extension était prévue, comme le transport de 50 000, puis de 80 000 conteneurs par an !
Aujourd’hui, le ton est plus modeste, le propos moins ambitieux…
Plus d’extension en vue : le besoin de la région n’est plus que de 38 000 conteneurs par an, avec un seuil de rentabilité de la plateforme entre 15 00 et 20 000 conteneurs !
Autrement dit : la viabilité du projet ne sera donc assurée qu’à la condition que le terminal conteneurs capte 50% de ce marché. À condition qu’un conteneur sur deux acheminé dans notre région le soit demain par bateau, via le quai de Calix ! Bigre, il faudra donc être sacrément compétitif… De fait, voilà bien qui relève d’un véritable « pari » !
Qui peut encore croire en la viabilité du projet avec une barre si haut placée ?
Quand à l’emploi : plus un mot ! Là encore, il y a quelques semaines, c’était le principal argument, pour ne pas dire le seul. Jusqu’à 30 emplois, pouvait-on lire sur la plaquette de PNA ! Mais déjà, le 7 décembre à Mondeville, M. Sévin faisait preuve d’un peu plus de réalisme : il ne parlait plus que de 8 emplois « pour commencer », sans garantie qu’il n’y aurait pas autant de licenciements au Havre. Aujourd’hui, l’argument de l’emploi n’est même plus mis en avant, les décideurs n’osent même plus l’avancer, tant il est marginal et hypothétique.
Ensuite, l’inimaginable. L’inconcevable. Il faut relire et relire encore la citation pour la croire : « selon une étude de marché qui n’est pas terminée ». Comme l’a dénoncé le collectif SOS Calix : à la région, au conseil communautaire, dans les conseils municipaux, on a demandé aux élus de se prononcer sur ce projet sans aucun élément économique… sans aucune lisibilité sur sa viabilité !
On leur a donc demandé de voter l’attribution de 4 millions d’euros d’argent public sans pouvoir avancer aucun élément quant à la rentabilité du projet. Et pour cause : l’étude de marché est toujours en cours ! N’est-ce pas mettre la charrue avant les bœufs ? Cette démarche ne sent-elle pas l’entourloupe ? Là encore, le collectif ne peut que dénoncer de telles pratiques. Pratiques qui ne font qu’alimenter l’hypothèse selon laquelle PNA agit dans la précipitation pour mettre en place ce projet avant la rédaction du Plan de prévention des risques technologiques (PPRT).
Enfin, la contradiction : Alors que depuis plusieurs semaines, certains élus tentaient de rassurer les riverains en leur faisant miroiter des aménagements horaires sur la plateforme, Jean-Michel Sévin confirme une activité continue, nuit et jour, avec « une journée, une journée et demie » de déchargement pour chaque bateau…
Non, décidément, ce projet n’est pas sérieux… il est bâti sur du sable.
Lors de cette conférence de presse, le duo a aussi qualifié d’« assez calmes » les nuisances sonores permanentes imposées aux riverains, et mesurées selon lui à 47 décibels.Le collectif rappelle qu’il dénonce les conditions de cette étude par simulation et condamne cette entreprise de minimisation des nuisances. Pour autant, il conseille à Messieurs Beauvais et Sévin d’essayer de vivre en permanence (dormir, travailler, manger…) au contact de leur lave vaisselle en marche (un lave vaisselle en fonction produit en moyenne 47 décibels)…Trouveront-ils l’ambiance « assez calme » ?
Enfin, cette conférence de presse aura fait l’impasse sur nombre de questions soulevées par le collectif :
– Rien sur le PPRT, la dangerosité du site, l’emploi, les dépôts pétroliers normands et leur déplacement…
– Rien sur les nuisances sonores sous-marines engendrées par les navires, sur le bilan carbone s’avérant positif pour l’agglomération (selon le GRAPE), sur la perturbation du trafic routier aux ponts de Pegasus et de Colombelles…
– Rien sur les riverains, sur l’expansion permanente de l’habitat rue des sources (162 logements en passe d’être livrés pour la « résidence du canal », début de la construction de 200 logements pour la résidence « les terrasses du canal »…
– Rien sur les conditions de soins des pensionnaires de la maison de convalescence Betharram et du centre de soins palliatifs Maurice Abiven, sur les conditions de travail des élèves de l’école Charles Peguy,
– Rien sur le financement de la zone d’évitage de Blainville en 2010, destinée à éviter les nuisances aux habitants d’Hérouville-Saint-Clair…
– Rien sur l’incompréhensible « viaduc-frontière » ou le contraste avec l’aménagement ambitieux et intelligent de la presqu’île de Caen.
– Rien sur le « grand projet de liaison ferroviaire » qui avait tant fait vibrer les partisans des modes de transports alternatifs… et que le collectif SOS Calix a jugé irréalisable (gouffre financier, infrastructures inadaptées…).
Autant de questions qui, pourtant, restent pertinentes et auxquelles les riverains du quai de Calix exigent des réponses. Le temps des explications par presse interposée est terminé : le collectif SOS Calix invite Laurent Beauvais et Jean-Michel Sévin à venir débattre avec les habitants lors d’une réunion publique salle du mille-club à Hérouville-Saint-Clair, la date restant à la convenance de ces derniers.
Le collectif SOS Calix leur adresse un invitation dans ce sens ce jour même.
Lundi 16 janvier 2012
Voir le blog du collectif SOS Calix : http://soscalix.eklablog.com