Interdisons les licenciements

Les grands groupes de l’industrie, des services et du commerce multiplient les annonces de licenciements. Alors que l’attention s’est focalisée sur PSA, la concurrence entre les grands groupes fait rage dans les télécommunications et les salariés pourraient en faire les frais. Ainsi, SFR et Bouygues Telecom, numéros deux et trois du secteur, ont annoncé des mesures de « réduction des coûts » pour « regagner de la compétitivité » face au nouvel arrivé sur le marché, Free Mobile.

Mi-mai, SFR avait indiqué avoir perdu 274 000 abonnés mobile au premier trimestre 2012. A Bouygues Telecom, le chiffre serait de 380 000 abonnés. Le numéro un, France Télécom est à peine plus rassurant. Son PDG fait valoir que même si la téléphonie mobile ne représente plus que 25 % de l’activité du groupe, il sera nécessaire quand même de « s’adapter » au nouvel environnement créé par l’arrivée de Free Mobile.Pour lui, « ce ne serait pas raisonnable de partir avec l’idée que l’on va garder les mêmes effectifs à l’horizon cinq ans » et « personne ne peut s’engager sur une stabilité des effectifs ».

Au printemps, l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) avait estimé que l’arrivée de Free pourrait détruire jusqu’à 10 000 emplois chez ses concurrents.

Nulle délocalisation ou baisse du marché dans les services de télécommunication. Seule la concurrence entre grands groupes explique la tension sur les effectifs. Dans le monde merveilleux du capitalisme, réduire les effectifs est le levier principal pour augmenter la productivité et ainsi gagner en compétitivité.

Dans la grande distribution, Boulanger augmente les suppressions d’emplois déjà prévues, qui passent de 400 à 600.

L’industrie n’est donc pas seule concernée par les licenciements, même si les annonces de PSA, de Renault, de Thales, de Sanofi et beaucoup viennent sur le devant de la scène. A PSA, un Comité central d’entreprise est convoqué le 12 juillet. Des milliers d’emplois et plusieurs sites de production sont menacés. Fin 2011, le groupe avait lancé une procédure de départs volontaires mais les partants sont peu nombreux, malgré les pressions exercées sur les salariés. Renault supprime 300 emplois à Flins. Thales envisage de vendre ses activités radiologiques. 800 emplois sont en jeu. Sanofi met en place un plan de réduction des coûts. Le dernier s’était soldé par des pertes de centaines d’emplois. Hewlett-Packard veut supprimer 520 postes de travail en France d’ici 2014 (et 27 000 dans le monde !).

La loi des patrons et celle du ministre

Face à une telle hémorragie d’emplois, que va faire le gouvernement ? Arnaud Montebourg a désigné des « commissaires au redressement productif » dans chaque région. Il veut par ailleurs rencontrer au plus vite les syndicats et les patrons des quatre opérateurs de télécommunication. Le gouvernement demande à PSA de préciser ses intentions, alors que la CGT a déjà rendu publics les documents montrant que la direction veut fermer le site d’Aulnay-sous-Bois. Tout cela est bien loin de correspondre aux nécessités de l’heure.

Michel Sapin, le ministre du travail, a annoncé une loi sur les licenciements avant la fin de l’année. Mais, a-t-il prévenu sur BFM-TV/RMC, mercredi 4 juillet, « il ne s’agit pas de bloquer un plan social ». Il s’agira seulement de rendre « plus cher » le licenciement, pour peut-être éviter des licenciements « pour des raisons qui sont purement boursières ». D’autre part, la loi aura pour objectif de « sécuriser [la procédure de licenciement] pour les salariés comme pour les chefs d’entreprise, pour ceux qui sont dans la difficulté afin de mettre en œuvre malgré tout un plan de licenciement (sic) ». Michel Sapin juge que les procédures devant les tribunaux « sont souvent longues ». La loi fera en sorte « que les magistrats puissent se prononcer plus rapidement et que l’effort fait par l’entreprise pour aider le salarié au reclassement, à retrouver un emploi, soit plus substanciel qu’aujourd’hui ».

Le ministre du travail n’annonce rien de bon. Seule une loi interdisant les licenciements, sous peine de réquisition de l’entreprise, sera à même de protéger l’emploi dans ces grands groupes sans scrupule qui n’ont qu’un objectif : faire le maximum de profits pour les actionnaires.

Cette loi, il faudra l’imposer, contre celle que veut faire voter le ministre du travail.

La coordination des travailleurs des entreprises menacées par des suppressions d’emplois ou des fermetures de sites est nécessaire pour que les salariés fassent entendre ensemble cette exigence.

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