L’heure de gloire de Jean-Luc Mélenchon

Gros succès pour le Front de gauche à Paris, dimanche 18 mars. Les organisateurs annoncent 120 000 personnes qui ont pu vibrer aux mots de révolution et d’insurrection civique. Jean-Luc Mélenchon sait y faire. Tout çà pour « peser » sur le PS ?

C’était la foule des grands jours à La Bastille. Pour beaucoup de militants du PCF, c’est une deuxième jeunesse. Après les désillusions de l’union de la gauche et la chute de leur parti, se retrouver si nombreux redonne du tonus à une frange de la gauche abasourdie par le désastre de Jospin et de la gauche plurielle. A défaut d’avoir « réveillé le peuple », comme dit Mélenchon, le Front de gauche a su se faire entendre de cette frange populaire, avec un discours célébrant l’esprit de résistance mais aussi la nation et les valeurs « républicaines ».

Le second de ses succès est d’avoir capté l’attention de beaucoup de ceux et de celles qui résistent face à la droite, dans les syndicats, dans les associations, contre les licenciements, contre le recul des droits, et qui ont subi de nombreuses défaites sur le terrain social.

Le rassemblement de La Bastille montre que cette résistance est puissante, mais ne le savait-on pas déjà ? L’automne 2010 n’est pas si loin. Par millions, nous étions alors dans la rue pour stopper la droite, la faire reculer. Nous avons été à deux doigts de la généralisation des grèves pour imposer la voix du plus nombre face à celle d’une petite minorité arrogante, les riches, le grand patronat, la finance. Alors que « l’insurrection » était dans la rue, qu’a fait alors le Front de gauche ? Mélenchon, pour sa part, appelait Sarkozy à « sortir par le haut » du conflit en organisant un référendum…

La grande majorité des partisans du Front de gauche réunis à la Bastille ne se fait guère d’illusion sur le Parti socialiste. Les soixante propositions du programme de Hollande sont la promesse du maintien d’une politique d’austérité qui s’attaquera à la majorité de la population. Le Front de gauche devra, lui, clarifier son choix face à ce parti : gouverner avec lui, ou alors faire confiance aux mobilisations et mettre ses forces dans leur construction, en ayant pleinement conscience que ces mobilisations, en s’affrontant au patronat, ne manqueront pas de s’affronter également au gouvernement, à l’instar de la Grèce ou de l’Espagne.

Bref, « peser » sur le PS ou s’assumer dans l’opposition de gauche à ce Parti quand il sera au pouvoir : le Front de gauche n’échappera pas à ce choix.

Si Jean-Luc Mélenchon promet au Front de gauche un succès électoral, la candidature de Philippe Poutou permet quant-à elle de préparer la nouvelle situation qui sera ouverte par la défaite de Sarkozy. Cette défaite, toute la gauche la souhaite, mais la « vraie gauche » doit y contribuer sans accorder aucune confiance à Hollande, en proclamant son indépendance, et en transformant la défaite électorale de Sarkozy en victoires sociales pour les travailleurs.

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