Expulsion du Pavillon Noir

« Des squats culturels possibles et souhaitables », vraiment ?

Bien qu’ayant des divergences politiques entre militants du NPA et la majorité des personnes participant à la vie du « Pavillon Noir » (rapport au Pouvoir(s), participation aux élections notamment) cela n’empêchait pas des discussions sincères entre nous, de se rejoindre sur des luttes communes, d’être solidaire face à la répression des mouvements sociaux ou l’arrêt d’expériences alternatives comme l’expulsion du « Pavillon Noir » ce mardi 24 août.

Lieu alternatif et politique qui a permis à plus d’une centaine de sympathisants de se rencontrer lors des différentes activités proposées par le « Collectif du Pavillon Noir » (projection de films /documentaires, débats, théâtre, slam et différents ateliers : jardinage, réparation de vélo, couture, etc…), le « Pavillon Noir » a donc été expulsé à 6h ce matin par un important dispositif policier (une soixantaine de policiers, dont une compagnie de CRS) à la demande de la municipalité caennaise, propriétaire du lieu.

Cette expulsion est pourtant contraire aux engagements pris lors de la campagne des municipales de 2008, par la voix de Gilles DETERVILLE dans un communiqué au titre éloquent : « Des squats culturels possibles et souhaitables » publié sur le site du Parti Socialiste pour les élections municipales de 2008 Le Maire-Adjoint de la Ville de Caen

critiquait la décision d’expulsion du squat « La Mauvaise Herbe » par la droite qui détenait à l’époque la majorité municipale, et proposé de laisser libre cours à ce lieu culturel et alternatif.

Un électoralisme en remplacerait-il un autre ?

La majorité municipale (PS, PRG, MRC mais aussi Verts et PC) a semble-t-il changé son fusil « électoraliste » d’épaule entre cette époque et maintenant. Rechercherait-elle les suffrages d’un électorat trop porté sur les questions de sécurité  pour les prochaines élections municipales ? Aurait-elle peur d’une campagne médiatique sécuritaire de la part de la droite locale pour ces prochaines élections ? Un lieu qui ne serait pas que « culturel » mais aussi en opposition « politique » avec cette majorité gênerait-il ?

Les promesses du socialisme de cette « gauche plurielle municipale » (rebaptisé semble-t-il : « Gauche Solidaire » pour les prochaines élections) ne semble pas supporter « l’épreuve du Pouvoir ». Un PS trahissant ces promesses, des satellites politiques Verts et PC obligés d’avaler des couleuvres l’histoire de la gauche plurielle semble se répéter.

L’intérêt d’un lieu d’autonomie et d’expérimentations.

Loin de tout  électoralisme saugrenu, à quoi bon rechercher les suffrages des militants du « Pavillon Noir », qui sont pour la plupart abstentionnistes… L’importance de ce lieu était dans sa nature même.

La « Pavillon Noir » était un espace d’autonomie et d’expérimentation ici et maintenant.

Avec toutes ses limites actuelles, le champ des mouvements squats, mais aussi celui de l’économie sociale et solidaire, des expériences pédagogiques alternatives, des universités populaires, etc., ou de manière totalement différente, les organismes de sécurité sociale, constituent des formes de production et de consommation disposant d’une autonomie variable et partielle mais réelle par rapport à la logique du capital et à celle des institutions étatiques. En dépit de leurs limites, ces opportunités d’expérimentations ont pour nous une importance cruciale. C’est là et seulement là qu’il est possible d’expérimenter des formes d’organisation de la production, de l’échange et de la prise de décision qui constituent les pièces indispensables à la construction d’une alternative globale. C’est là et seulement là qu’il est possible faire des tests et ainsi accumuler des bilans d’alternatives partielles susceptibles d’être redéployés à plus grande échelle au cours du processus de transformation sociale. Par ailleurs, pour des militants de la gauche radicale, c’est aussi un moyen d’accroître la crédibilité politique d’une alternative au capitalisme. Construire du palpable, résoudre des problèmes immédiats sans passer par la case « revendication », c’est aussi un moyen d’un réenracinement politique, social et culturel de l’anticapitalisme.

_ Nous invitons donc les militants et les sympathisants du NPA  à exprimer leur solidarité en rejoignant les rendez-vous proposé par le Collectif du Pavillon Noir.

A savoir :

*le samedi 28 août à 15 heures place Bouchard (centre-ville) avec table de presse et café.

* Jeudi 26 août sur le marché de la Guérinière à partir de 10h30.

* Dimanche 29 août à partir de 10h30 nous serons sur le marché de Caen (tour Leroy).

_  Nous dénonçons cette expulsion, contraire aux promesses électorales de la majorité municipale, c’est un fait, mais qui s’ajoute au climat sécuritaire actuel. A l’heure où le gouvernement déplace le débat pré-présidentiel sur la Sécurité pour mieux éviter les thèmes essentielles : la Crise économique, la Vie Chère, la Casse des Services Publics, la Précarité des jeunes bref  cette Insécurité Sociale qui nourrit l’insécurité publique tant surannée par le gouvernement. Une vrai gauche devrait s’attaquer à cette Insécurité Sociale plutôt que de faire jeu de la droite en allant dans la surenchère sécuritaire.

_ Enfin, nous espérons que les sympathisants du « Pavillon Noir » liront bien l’invitation du camarade « socialiste » Gilles Deterville : « Vouloir étouffer ou couper cette Mauvaise Herbe est à la fois inopérant et surtout vain car d’autres initiatives viendront naturellement à naître. »

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