Action à Caen pour le droit des peuples en Afrique

 

Depuis vendredi 12 mars, Mathieu Cichocki, militant anticolonialiste et adversaire irréductible de la Françafrique, est en grève de la faim pour protester contre la participation de la France au trucage des élection au Togo. Nous lui avons demandé de nous expliquer son combat.

Que s’est-il passé au Togo ?

Mathieu Cichocki, à Caen, 12 mars 2010 - photothèque NPA

Mathieu : Le 4 mars 2010, lors du dépouillement des votes, le régime dictatorial au pouvoir depuis bientôt 50 ans a usé de subterfuges par l’intermédiaire de la CENI (commission électorale nationale) mais dépendante de la dictature. La réception du VSAT, système satellitaire permettant la détection des tricheries, a été stoppé ! A partir de cet instant, les résultats collectés étaient erronés par rapport aux sorties des urnes dans les centres de votes. Le peuple togolais souverain a voté majoritairement pour le candidat du changement, de l’alternance : l’opposant Jean-Pierre FABRE ! Mais, une nouvelle fois, la dictature a volé les élections financées par l’Union Européenne à hauteur de 20 millions d’euros au frais du contribuable que nous sommes ! En pleine crise mondiale, c’est scandaleux ! Ou bien l’UE organise des élections justes et équitables en notre nom ! Ou bien elle s’en dispense, au moins la communauté des hommes saura à quoi s’en tenir… A la dernière élection en 2005, le régime de Faure Gnassingbé a assassiné plus de 1 000 personnes, des blessés et des réfugiés par dizaines de milliers ! Moi-même je pose une question simple : est-ce-que le peuple souverain va voter pour son bourreau ? Ici, en occident, nous avons la chance de pouvoir voter pacifiquement et que l’Etat respecte l’expression populaire, même si, ces derniers temps, l’abstention est importante, voir les élections régionales. Là-bas, les gens votent en grand nombre, bravant le danger, mais le régime de manière redondante assassine sa volonté ! Assez !

Qu’exiges-tu du gouvernement Français, de l’Union européenne ?

Le minimum est d’invalider cette mascarade électorale et de demander le remboursement par la dictature togolaise des 20 millions d’euros financés à perte, pour les utiliser pour des créations d’emplois par exemple. Au-delà, ce qui serait juste, c’est de reconnaitre l’élection de Jean-Pierre Fabre comme nouveau Président du Togo, cette année de la célébration du cinquantenaire de l’Indépendance de ce pays ! Quel symbole !

Tu connais bien l’Afrique pour y avoir vécu, et aussi pour y avoir lutté pour son émancipation. A ton avis, comment ce continent peut-il s’en sortir et comment nous, militants anticapitalistes internationalistes, pouvons-nous l’aider ?

En effet, j’ai vécu plusieurs années en Afrique de l’Ouest, notamment au Togo. Tout d’abord, il faut savoir que dans cette région c’est le seul pays où il n’y a pas eu d’alternance élective, en fait c’est « l’Albanie » de l’Afrique au temps de la chute du mur de Berlin ! Je vais être clair, à tous ceux qui disent ici en Europe : « que les africains rentrent chez eux ! », je leur dirai : « eh bien faites en sorte que nos gouvernements permettent l’émergence de la démocratie pour que s’installe dans ces pays un équilibre qui permette le retour des diasporas qui redonneront un « souffle nouveau » aux pays concernés ». Deuxièmement, que ces nouveaux états libres et démocratiques reprennent le contrôle sur leur patrimoine géologique, si vous voyez ce que je veux dire : je peux alors vous affirmer que les filles et fils du Continent Mère de l’Humanité retourneront enrichir leur pays de leur savoir faire ! Enfin, le sens de l’immigration changera car, les richesses de la terre étant sous l’équateur, ce sera à notre tour de demander des visas pour aller travailler en Afrique !

Sais-tu quel écho a rencontré ton action ?

Elle a permis de mettre un éclairage sur la situation inadmissible de ce pays du Golfe de Guinée, où, sous le mandat usurpé du fils du dictateur qui a repris la relève dans le sang, ce monsieur roule dans une voiture luxueuse de marque « Maybach » au coût d’environ 2 millions d’euros alors que 75 % de la population vit sous le seuil de pauvreté selon les indices de l’ONU !

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